La capitale d’Haïti est assiégée par des terroristes, du Nord au Sud. Les routes nationales numéros 1, 2, 3 sont contrôlées par le réseau de malfaiteurs sous la bannière de “Viv Ansanm” (Vivre Ensemble) ayant pour leader autoproclamé, Jimmy Chérizier, alias BBQ. En fait, cela fait déjà plusieurs semaines que l’aéroport international à Maïs-Gâté, est totalement paralysé. Aucun vol entrant ou sortant de Port-au-Prince. Les terroristes célèbrent une autre victoire car les soi-disant boujwa et les prétendus gran-nèg ne pourront plus fuir. Les vilains coupent un point de ravitaillement important pour plus d’un million d’habitants. Ils sont les nouveaux seigneurs des territoires perdus. En général, les autorités haïtiennes, s’il en existe encore, ne se soucient que de leur propre sécurité, jusqu’au moment où ils se rendent compte que les vols et les voyages perdus peuvent leur coûter beaucoup. Ce fut le cas du premier ministre démissionnaire ou exilé, Dr Ariel Henri. Ils dirigent Haïti en faisant du télétravail (via zoom & google meet).
- Vivre ensemble, mais avec qui?
Le seul endroit où les assassins ou terroristes sont autorisés à vivre paisiblement ensemble, c’est la prison. Mais, en Haïti, les malfrats décident quand ouvrir et fermer les portes des prisons. Les incidents du genre prison-break sont filmés en direct sur les réseaux sociaux. Peut-être que les producteurs de Hollywood se claquent les doigts avec ce qui se passe en Haïti. Ils paieraient de fortes sommes pour écrire des choses aussi cruelles que celles réalisées avec les crimes des terroristes et syndiqués de Viv Ansanm.
Les médias locaux et étrangers, qui n’ont pas d’assez d’argent pour se payer un voyage pour couvrir la guerre en Ukraine et ceux qui ne veulent pas risquer leur vie dans la guerre en Palestine, se donnent rendez-vous à Port-au-Prince où les criminels de Viv Ansanm volent ensemble, violent ensemble, brûlent les maisons privées et les postes de police ensemble et, finalement, en plein jour, tuent ensemble. Ce spectacle macabre attire les médias et les politiciens de la région de la Caraïbe.
- Oh! ces pauvres Haïtiens…
Des youtubeurs cherchent à tirer une affaire de la galère du peuple haïtien. Ils cherchent des interviews avec les assassins, juste pour quelques millions de views sur YouTube. Malheureusement, avec ces criminels, ça tourne mal assez vite. Et, parfois, même trop vite. Un youtubeur américain qui cherchait à comprendre comment fonctionne le réseau criminel à Port-au-Prince, fut lui-même kidnappé. Les views qu’il espérait compter en racontant les malheurs de nos sœurs et frères, il les a eues avec sa propre mésaventure. Il aurait pu lire ce proverbe haïtien : Pòtoprens se tè glise ! Il va se contenter maintenant de ses propres views que son cynisme lui aura rapportées.
Nos amis de l’Amérique du Nord, en commençant par le Canada, répondent froidement à nos appels à l’aide. Ceux qui ont des proches peuvent les encourager et les soutenir avec l’espoir de les faire entrer au Canada, dans 6 mois,12 mois ou 24 mois, avec leur mauvaise copie du programme humanitaire de leur voisin. Les États-Unis ont déjà donné refuge à plus de cent mille Haïtiens avec le Programme de Parole Humanitaire de tonton Joe. Toutefois, ils commencent à déporter nos frères en situation irrégulière. Et, comme leurs avions ne veulent pas atterrir à Port-au-Prince, ils se débarrassent de nos compatriotes au Cap-Haïtien. Pourront-ils rejoindre leurs proches à Port-au-Prince ou dans les autres villes de province ? Qui prendra soin des déportés même temporairement ?
Les malheurs des Haïtiens n’attirent ni la compassion ni l’attention de la Communauté Internationale. Les journalistes européens pourraient facilement nous rappeler que nous n’avons pas les yeux bleus ni les cheveux blonds des Ukrainiens. On ne peut pas oublier les Dominicains, à l’Est, qui renforcent ce siège criminel avec des mesures restrictives et discriminatoires contre nos compatriotes haïtiens. Ainsi, ces voisins opportunistes réduisent toute possibilité de refuge ou de fuite à travers leur territoire.
En guise de 900 policiers kényans, la Communauté Internationale, par le biais de la CARICOM, propose neuf super héros qui vont sauver Haïti de la catastrophe. Les rumeurs font croire que la femme du président kényan a eu une vidéo-conférence avec le chef du G9. Et, comme elle n’a pas eu la garantie que les soldats du G9 n’allaient pas tirer sur ses soldats kényans, elle a déclaré qu’Haïti a surtout besoin de prières. Le combat serait alors entre les forces mystiques du vaudou et celles du christianisme.
La fin de Port-au-Prince semble proche. Carrefour est à 90% sous le contrôle des bandits, après la chute du commissariat Omega, sans aucune résistance des policiers. On dirait une simple rotation, mais en guise de policiers, ce fut avec les soldats d’un haut gradé de G9. Lilavois, Bon-Repos, Tabarre, Croix-des-Bouquets, Pernier, Puits-Blain, Mariani, Martissant, Fontamara, sont des territoires du G9. Au centre-ville, il y a à peine quelques points qui résistent encore, parmi lesquels : le quartier général des Forces armées d’Haïti, les unités tactiques et les forces spéciales au Palais National, la base de CIMO, le poste de contrôle au Canapé-Vert et quelques postes dans les périphéries de Pétion-Ville.
Que dirait notre feu Serge Beaulieu ? Ce fameux journaliste et animateur aura raté cet épisode pour séduire nos tympans durant ces sombres nuits effrayantes à Port-au-Prince. Où sont-ils passés les récits de Jean Dominique ? Avec la situation du pays, Mòlòskòt (Ernst Edouard) en ferait des séries pour Netflix, et Liliane Pierre-Paul des heures d’écoutes sensationnelles. Les grands orateurs sont partis trop tôt, et l’audience est devenue sourde et orpheline.
Le capitaine est mort, cela fait deux ans déjà. Son successeur a pris la fuite. Les anciens pirates sont de retour. Au sein de la population, les plus riches cherchent coûte-que-coûte à quitter ce Titanic de la Caraïbe, qui coule, en achetant leur gilet de sauvetage. Si avant c’était : “naje pou sòti”, aujourd’hui c’est : “vole pou sòti”. D’autres se cachent derrière ces faux blindés ou leurs maigres gilets pare-balles. Le reste, ceux qui savent lire, attendent les courriels de confirmation de tonton Joe. Et la grande masse se livre à la résignation totale…
Les policiers n’ont ni les moyens ni le leadership pour changer la donne, dans les combats de rues contre la guérilla de G9. Les soldats de la FADH ne peuvent même pas quitter leur maison pour se rendre à leurs bases. Les neuf conseillers présidentiels ne peuvent même pas garantir leur propre sécurité et celle de leurs familles. Mourrons ensemble, puisqu’on ne peut pas se battre contre les terroristes, pour vivre ensemble en harmonie dans notre propre pays ! Préparons-nous pour la capitulation prochaine de Port-au-Prince. Si en 2004, c’était Guy Philippe qui avait pris de force les clés de Port-au-Prince, vingt ans après, en 2024, sera-t-il plus facile aux neuf conseillers présidentiels d’organiser des élections dans des territoires perdus ou de remettre les clés du Palais National au chef du G9 ?
Dans cette conjoncture, n’est-ce pas opportun de faire du Cap-Haïtien, la capitale politique d’Haïti, pour finalement dire adieu à Port-au-Prince ?
Castro Joseph
Conseiller Politique